Par Aparajita Ramakrishnan, Fondation Gates, et Marie Ba, Partenariat de Ouagadougou
Toutes les deux minutes, une femme meurt de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. Les effets de la mortalité maternelle dépassent largement la salle d’accouchement. Ce sont les avenirs des enfants, des familles, des communautés et des économies qui sont compromis à chaque décès prématuré.1,2
Dans les pays membres de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), la mortalité maternelle est la plus élevée au monde. Pourtant, la majorité de ces décès peuvent être évités grâce à des interventions appropriées : accès à des contraceptifs modernes, présence de personnel qualifié lors de l’accouchement, soins prénataux et postnataux de qualité. Il est urgent de garantir aux femmes et aux filles de la région un accès à ces services essentiels, ainsi qu’à un accompagnement leur permettant de faire des choix éclairés pour leur santé et leur avenir — et ainsi augmenter leurs chances de survie.3,4
Empêcher des millions de femmes et de filles d’atteindre leur plein potentiel:
Le coût de l’inaction
Les recherches montrent que seules 13 % des femmes mariées âgées de 15 à 49 ans en Afrique de l’Ouest utilisent des méthodes de planification familiale. Cette situation est aggravée par l’absence de planification familiale pour 26 % des femmes de la région.5
Les raisons sont multiples — stigmates culturels, contraintes financières, manque d’informations — mais les conséquences sont claires : les grossesses non planifiées mettent des vies en danger et entretiennent un cycle d’instabilité économique.
L’accès limité aux contraceptifs en Afrique de l’Ouest est également entravé par des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Les retards dans les achats, l’insuffisance d’installations de stockage et les goulets d’étranglement logistiques entraînent régulièrement des ruptures de stock dans les cliniques et pharmacies, notamment en zone rurale. La dépendance vis-à-vis des fournisseurs internationaux accentue l’incertitude, avec des pénuries mondiales et l’arrêt des financements par certaines grandes organisations d’aide aux pays à revenus faibles et intermédiaires. En l’absence d’un accès constant, les femmes sont plus exposées aux grossesses non désirées, aux avortements à risque et aux complications sanitaires. Tout cela souligne l’urgence de renforcer les réseaux d’approvisionnement régionaux et d’investir dans la fabrication locale. Dans ce contexte, des partenariats innovants pour impulser le changement sont plus que jamais nécessaires.
Multiplier les solutions qui ont déjà fait leurs preuves
La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de changer la donne. Plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ont montré que des progrès significatifs peuvent être réalisés lorsque les gouvernements, la société civile et le secteur privé s’engagent ensemble en faveur de la planification familiale et de la santé maternelle. Par exemple, le Partenariat de Ouagadougou a joué un rôle moteur dans l’élargissement de l’accès à la planification familiale dans neuf pays d’Afrique de l’Ouest, avec plus de 3,8 millions de femmes et de filles supplémentaires utilisant des contraceptifs modernes depuis 2011. Pourtant, des millions d’autres restent encore sans accès.6 Il est donc crucial de poursuivre les investissements dans les chaînes d’approvisionnement régionales et la production locale pour réduire drastiquement les grossesses non désirées, les avortements à risque et les complications de santé.
Transformer les engagements en changements durables
Depuis deux décennies, la Fondation Gates collabore avec des gouvernements, des organisations communautaires, des groupes de plaidoyer et des acteurs du secteur privé pour changer le récit autour des femmes et des filles en Afrique de l’Ouest.
Garantir à chaque femme de la région un accès à des services de qualité en matière de planification familiale et de santé maternelle est un objectif à notre portée — à condition d’agir avec détermination. Les gouvernements doivent faire de ces initiatives une priorité en matière de financement et de mise en œuvre, tandis que le secteur privé doit apporter des solutions innovantes pour élargir l’accès.
C’est un moment charnière. Investir dans la santé des femmes aujourd’hui, c’est améliorer des vies individuelles et jeter les bases d’une Afrique de l’Ouest plus forte et plus résiliente.
Références:
- Données de l’OMS
- Étude sur la santé des femmes de la Colombie-Britannique
- Fiche d’information maternelle de l’IAHO
- PubMed : Facteurs associés à la contraception en Afrique subsaharienne
- Bulletin d’information Ballard
- Partenariat de Ouagadougou
- Réponse de l’OMS en matière de planification familiale
- The Lancet
- UNFPA
- DHS 2022